« Pour
pouvoir aboutir à des solutions valables, il faut tenir compte de la
réalité. La politique n’est rien d’autre que l’art des
réalités. Or, la réalité, c’est qu’actuellement l’Europe se
compose de nations. C’est à partir des nations qu’il faut
organiser l’Europe.
Sur la base de cette
alliance, il faut bâtir une Confédération, c’est-à-dire un
organisme commun auquel les divers États, sans perdre leur corps,
leur âme, leur figure, délèguent une part de leur souveraineté en
matière stratégique, économique, culturelle.
Mais, à cette
Confédération, on doit donner une base populaire et démocratique.
Ce sont les peuples qui ont à la créer. Encore faut-il le leur
demander. La première étape doit être un vaste référendum,
organisé simultanément dans tous les pays intéressés. »
Charles De GAULLE (GAL) –
Discours du 23 février 1953.
Au Lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’idée de construire
une Europe unifiée autour d’une volonté, d’une espérance
et d’une puissance commune retrouvée reprend forme peu à peu afin
de favoriser la paix.
Pourtant, de traités en traités, l’Europe s’éloigne des
Peuples, s’asseyant toujours plus sur la réalité, ne s’appuyant
plus sur le principe de subsidiarité tant indispensable en
organisation et en politique. De plus en plus Fédérale et
Supranationale, elle n’est plus comprise des Peuples. La structure
fonctionnelle de cette Union Européenne est bâtie sur des
hiérarchies de fonctionnaires européens non élus et dont la
sélection reste opaque.
L’Union Européenne qui devrait protéger les peuples, leurs
civilisations communes, leurs industries et leurs emplois ne remplit
pas ce rôle.
Elle signe puis administre des traités internationaux de libre
échange sans consulter les nations qui la composent et ne tient pas
compte des résultats des consultations populaires par référendum
(par exemple avec l’épisode du NON au référendum constitutionnel
bafoué par la reprise des dispositions de ce traité constitutionnel
dans le traité de Lisbonne, sans consultation des peuples).
Elle déchoit de leur souveraineté
les États qui la composent en superposant ses Lois qui prévalent
sur les Lois nationales, lois qui n’ont pas été votées par les
parlements nationaux.
Elle a choisi de s’étendre à l’Est au nom du principe selon
lequel « Big is beautiful » afin de conserver des
réserves de main d’œuvre à bas prix (tentative de la directive
Bolkestein
partiellement reprise par la directive sur les travailleurs
détachés).
La langue anglaise a remplacé les langues nationales dans les
enceintes de l’union européenne même si le Royaume-Uni s’en est
séparé !
La défense européenne n’est pas libre, puisque résultant de
l’appartenance à l’OTAN : La France et précédemment
l’Angleterre étant les deux seules armées encore existantes en
Europe, les ordres viennent de l’OTAN à Bruxelles… Le chef de
l’OTAN à Bruxelles étant un général Américain : le
SACEUR.
D’une volonté de puissance, elle a inversé ses valeurs
originelles : Aujourd’hui, pour l’Europe, le dogme
principal de sa construction est la libre circulation des
marchandises, des capitaux et des personnes.
Résultat de ce principe mortifère : La finance est devenue
la finalité, qui n’est plus au service de l’économie ni au
service de l’Homme.
Cette volonté de construction unifiée de l’Europe, basée sur
des contre-valeurs, est contraire à la vision du Général
De GAULLE, qui lui préférait le modèle confédéral.
Quarante ans après sa disparition, la vision du fondateur de la Vème
République n’a rien perdu de son actualité.
Rappelons que l’Union Européenne (UE), qui est une union d’États,
a été, entre le traité de Maastricht de 1992 et le traité de
Lisbonne de 2007, appuyée sur trois piliers, dont le premier (les
anciennes Communautés Européennes devenues la Communauté
Européenne à la suite du traité de 1992), suit une logique
fédérale (avec un transfert partiel de souveraineté par les États
membres) tandis que les deux suivants (la Politique étrangère et de
sécurité commune et la Coopération policière et judiciaire en
matière pénale) suivent une logique confédérale.
Ce déséquilibre institutionnel est source d’autant plus de
confusion que l’UE construite en partie à partir d’États
fédéraux (Allemagne, Autriche et Belgique) ne peut pas se
transformer en une fédération de fédération d’États.
L’UE, trop bureaucratique, n’est pas assez réactive. La preuve
nous est donnée chaque jour : Les vaccins, la diplomatie,
l’innovation et les programmes d’avenir (souvent sans lendemain
...).
L’Europe de la Défense, L’Europe Industrielle, L’Europe
Spatiale, L’Europe Santé, etc. Tout est en panne. L’Europe se
fait de plus en plus distancée par le reste du monde. A quand le
grand sursaut !
Son fondement est beaucoup trop marchand. Basé presque exclusivement
sur les principes libre-échangiste, elle ne protège pas contre
l’immigration ni la désindustrialisation et organise à
l’extérieur de l’UE et dans son marché intérieur un dumping
social incompréhensible (travailleur détaché).
L’Homme est devenu un moyen de production pour l’Europe inhumaine
qui préfère exploiter la misère des Peuples pour mieux les
asservir.
La France, par exemple, confrontée au dumping des pays européens à
bas coûts de l’Europe de l’Est, se transforme petit à petit en
un désert industriel, en un pays d’assistés. L’Europe
« passoire », c’est aussi un libre-échangisme à
l’extérieur de nos frontières communautaires.
Combien de délocalisations au Maghreb et en Chine ? Notre
commerce extérieur est exsangue.
Il reste la Défense avec la vente d’avions Rafale ou de quelques
frégates mais pour combien de temps encore, sachant que dans la
plupart des cas, il s’agit de ventes à crédit (de l’État ou
mixte (État Français et banques privées)). Le
produit de ces ventes sera-t-il effectivement versé ?
Mon mémoire de fin d’études de Master de sciences politiques
propose de rebâtir l’Europe sur des fondements essentiels :
L’Europe au service des Peuples, de l’Homme et des fondements de
l’humanité.
Pour cela, elle se doit d’être proche des citoyens, de réduire sa
bureaucratie, de permettre le travail en commun de toutes les nations
européennes afin de construire une Europe forte et indépendante,
phare pour le monde entier.
Pour cela, l’Union Européenne doit changer de paradigme,
elle doit se réinventer, pour plus de proximité et moins
d’institution. Elle doit repartir de la base de la coopération,
par la rédaction d’un nouveau traité international constituant
une communauté indépendante des États Européens (CEE).
Mais, pas seulement, l’Euro doit aussi être repensé, afin qu’il
ne soit plus l’outil du dumping, de la destruction des emplois,
mais bien au contraire d’une force supérieure permettant la
réindustrialisation de l’Europe.
En effet, l’arrêt de la fluctuation des monnaies européennes
entre elles, par le serpent monétaire, lors de l’instauration de
l’Euro, a conduit à une aberration économique et financière,
puisqu’il n’y a plus de relations notables entre monnaies et
richesses, entre monnaies et salaires.
A cause de cela, la valeur ajoutée d’une production est
délocalisée dans les pays dont la main d’œuvre est moins chère.
Combien d’industries françaises se sont vues délocaliser et
encore aujourd’hui dans les pays à bas coûts de main d’œuvre,
par exemple, les moteurs essence PSA de la Française de Mécanique
dans les Hauts de France dont la fabrication est délocalisée en
Hongrie.
Mais, cette hémorragie est encore plus importante en raison du
libre-échangisme mondial. Notre France, notre Europe ne fabrique
plus les principes actifs de ses médicaments, qui sont désormais
produits en Chine et en Inde.
La France et l’Europe ne sont plus souveraines en réalité,
puisque même les productions stratégiques proviennent des grandes
usines du monde, de ces pays à bas coûts qui ne respectent rien, ni
l’environnement, ni l’Homme (sa dignité) et ni la propriété
intellectuelle.
Le profit marchand, voilà désormais, le souci unique de cette
Union Européenne qui ne protège plus mais détruit.
Tout ceci n’est pas nouveau, mais de plus en plus, les Peuples
meurtris de cette Europe détruite s’aperçoivent de la
supercherie.
En son temps, Philippe Séguin avait dénoncé, lors des débats sur
le traité de Maastricht, le changement de direction de la
construction européenne, le passage d’un confédéralisme de
dialogue, à un fédéralisme de technocrates non élus et au-dessus
des préoccupations essentielles de l’Homme.
Rappelons-nous son formidable discours devant l’assemblée
nationale française, sa clairvoyance qui désormais par les faits,
montre qu’il avait tout à fait raison à l’époque :
https://www.youtube.com/watch?v=vyIUJIKqKM0
Cette construction à pas forcés qui bafoue même la parole des
Peuples par le traité de Lisbonne reprenant les dispositions du
traité constitutionnel qui avait été refusé notamment par le
Peuple Français par référendum, sans cadencements légitimes,
produit des aberrations, qui détruisent les attachements vitaux et
réduisent à néant tout effort.
Sans Écluse pour réguler le débit du Fleuve Europe, l’Eau
(économie) coule vers le point le plus bas (nivellement vers le
bas).
Jean-Luc Hau, 2005.
La solution ?
1. Appliquer une vraie subsidiarité
Dans l’esprit collectif, l’Europe doit être le remède, l’Europe
doit nous protéger.
C’est possible à condition d’appliquer une vraie subsidiarité
démocratique et de procéder à une mutation des institutions
européennes.
Exercer la subsidiarité, c’est créer les conditions favorables
au bon exercice des pouvoirs propres de chacun.
Le modèle fédéralet
centralisateur, n’est pas le plus approprié dans un espace
géographique aussi vaste et différent que celui de l’union
européenne actuelle.
La suppression de toutes les frontières
met en concurrence déloyale des pays dont les fondements économiques
sont totalement différents et dont la relation au travail diffère.
Pour ces pays, la seule solution, c’est le retour du respect
mutuel, du dynamisme commun, de la considération pour autrui, le
retour à un idéal de coopération dans la solidarité, un dialogue
sincère, créateur de fraternité : le modèle confédéral.
Il est possible de faire évoluer les institutions actuelles de
l’union européenne vers la fondation d’une communauté des États
Européens (voir projet de constitution CEE annexé à mon mémoire
de master). La CEE disposerait d’un cadre institutionnel modernisé.
Je propose :
- la suppression
de la commission européenne,
remplacée par un renforcement
du conseil de l’Union Européenne,
avec une coopération de visage à visage de tous les ministres de
tous les états membres : tous les ministres des affaires
étrangères dialoguent entre eux par exemple, et cela peut être
décliné pour tous les secteurs ;
- la fusion
du conseil de l’Europe et du conseil de l’Union Européenne ;
- la suppression
des députés européens :
des députés nationaux des chambres basses et hautes de chaque état
pourraient être élus par leurs pairs pour représenter leurs pays
lors de sessions particulières au parlement européen sur le modèle
des Chambres hautes (Sénats).
Les députés nationaux seront
donc les mêmes que les députés européens qui ne pourront plus
faire fin de ne pas savoir ce qui se passe au parlement européen.
De plus, certains députés
européens, bien connus des « paparazzi » n’y font des
apparitions que pour pointer… Un contrôle de l’absentéisme est
donc primordial dans tous les parlements (européens et nationaux) ;
- la suppression
du comité européen des régions ;
- la fusion
du contrôleur européen de la protection des données et du comité
européen de la protection des données
et rattacher la structure fusionnée à la cour de justice de l’Union
Européenne ;
- le rattachement
du service européen pour l’action extérieure au conseil de
l’Union européenne remaniée ;
- le rattachement
du médiateur européen à la cour de justice de l’Union
Européenne ;
- l’expulsion
des militaires américains sur le sol européen,
avec la création d’une véritable force et industrie militaire
européenne indépendante (Sortir de l’OTAN américaine et la
substituer par l’EUROFOR) ;
- le rattachement
de la banque européenne d’investissement à la banque centrale
européenne (BCE) ;
- le rattachement
de la cour des comptes européenne à la cour de justice de l’union
européenne ;
- la suppression
du comité économique et sociale européen ;
-
la suppression
de la fonction publique européenne, qui
est une exception par rapport aux autres organisations
internationales qui n’emploient que des contractuels en CDD ou en
CDI.
Avec ces réformes, l’Union Européenne sera plus agile, moins
opaque, moins onéreuse et surtout plus populaire. La
souveraineté sera redonnée aux États membres en supprimant les
« supers lois ».
Elle devra envisager sa défense de manière indépendante des
États-Unis et devra remplacer l’OTAN par un EUROFOR repensé.
L’industrie de la défense européenne doit être la seule utilisée
pour armer cette EUROFOR, « sans déshabiller Paul pour
habiller Jacques et Samuel », comme par exemple avec ce que
nous vivons actuellement avec le SCAF.
Les traités internationaux dits européens devront être resoumis
aux nations (ils sont ablatifs de souveraineté et dans l’état
actuel des choses n’ont réussi qu’à faire de l’union
européenne un vaste « ventre mou », vassalisé et
incapable de se positionner, chaque chef d’État prenant sa petite
serviette pour aller négocier les affaires des entreprises qui les
missionnent. L’intérêt supérieur de l’État n’est plus la
priorité.
Enfin, par ces réformes, l’union européenne pourra maigrir,
réduire le nombre de fonctionnaires européens. Les fonctionnaires
des ministères des États membres dialogueront entre eux. Il n’y
aura plus de députés européens ni de fonctionnaires du parlement
puisqu’ils seront mutualisés avec ceux des États membres.
2. Adapter le système monétaire à la réalité des économies
européennes
Le système monétaire européen actuel est comme le reste de la
structure européenne, basée sur l’irréalisme. Depuis
longtemps, la zone Europe connaît une faible croissance, inférieure
naturellement à celle des pays émergents, mais aussi sensiblement
inférieure à celle des États-Unis. C’est le signe qu’il y
avait déjà un problème.
Mais aujourd’hui, ce n’est plus seulement le temps maussade d’une
faible croissance que la zone euro doit supporter, c’est l’orage
qu’elle doit affronter avec la crise des dettes souveraines,
mutualisées en Europe, la dépression de l’activité, la baisse de
l’emploi, le dumping social et l’explosion du chômage. La
monnaie unique, dont les parités ont été figées en 2000, lors de
l’établissement de l’Euro, s’affranchit de la réelle vocation
d’une monnaie.
Les défauts de la construction de la monnaie unique sont nombreux,
par exemple :
- intangibilité des taux de change entre les monnaies des pays
appartenant à la zone euro ;
- unicité du taux de change de tous les pays de la zone euro
vis-à-vis des monnaies extérieures de la zone euro ;
- multiplicité des taux d’intérêts réels des pays de la zone
euro.
La solution : Le retour à une monnaie commune
dans une zone économique homogène.
3. Restaurer la croissance
Pour ramener la croissance dans la zone Euro et éviter ainsi son
explosion, la BCE doit, d’une part, faire baisser les taux
d’intérêt excessivement élevés que devront payer les pays
confrontés à la crise de dette souveraine qui sera inévitable à
court terme et d’autre part, piloter une baisse substantielle du
taux de change de l’euro.
Conclusion : Il n’est pas concevable, à
l’heure actuelle, de se passer de l’Europe.
Il faut la refonder :
- pour le droit constitutionnel : le principe de subsidiarité
(confédéralisme au lieu de fédéralisme) ;
- pour le système monétaire : monnaie commune (laquelle
était au cœur des débats sur la construction européenne dans les
années 1980) au lieu d’une
monnaie unique qui appauvrit
les peuples hormis celui de l’Allemagne réunifiée).