Jean-Luc Hau, le 11 mars 2021
Depuis le début de la crise
liée à la pandémie du COVID 19, la France découvre sa dépendance
vis-à-vis de l’étranger tant pour les masques, que pour les tests
et aujourd’hui pour l’obtention des vaccins. Cette dépendance
n’est malheureusement pas limitée à ces seuls produits. La
mondialisation débridée lancée depuis 30 ans a détruit nos
filières industrielles, réduisant notre tissus économique et nos
savoirs-faire. De nombreux économistes estiment que la
réindustrialisation de l’hexagone ne pourra se faire qu’aux prix
d’un immense travail dont les tendances positives seront visibles
sur une génération.
Comment coordonner une
réindustrialisation d’une France confrontée à la mondialisation
forcée mise en œuvre par une Europe mondialiste, libre échangiste,
qui prend ses distances avec les besoins de ses Etats membres ?
Pour moi, notre France
garde des atouts immenses et nous pouvons encore rebondir
rapidement à condition que le prochain Président de la République
Française en prenne la mesure et instaure cette exigence de
renouveau de notre pays en priorité nationale.
Cette priorité nationale ne
pourra s’exercer qu’à condition que notre Pays retrouve son
indépendance d’action, sa souveraineté tant économique,
politique et géopolitique. Je ne prône nullement l’isolationnisme,
mais la coopération d’égal à égal, de visage à visage, entre
états indépendants et souverains, faisant parti d’une communauté
d’Etats ayant pour soucis, le progrès, la justice et la paix.
L’actuel ministre de
l’économie, Bruno Le Maire le confesse : « Nous avons
laissé partir nos usines, nos compétences, des filières entières,
nous avons affaibli des filières industrielles depuis 20 à 30
ans. »
Ce constat n’est pas nouveau
et plusieurs signaux depuis des années auraient dû alerter nos
politiques économiques.
La désindustrialisation de
la France est un processus ancien et qui a longtemps été considéré
comme dans « l’ordre des choses » : Un pays
qui se développait était, en effet, supposé passer de
l’agriculture à l’industrie et de l’industrie aux services.
Telle a été, jusqu’à il y
a peu de temps, la croyance dominante, véhiculée par des
économistes tant étrangers (Colin Clarck) que Français (Jean
Forastie).
Aussi, cette mondialisation
poussée à l’extrême a détruit l’unité de nos filières.
Par exemple : la crise du
COVID 19 nous révèle désormais que les producteurs de laine
restent avec leurs productions en raison du ralentissement de
l’activité économique chinoise. La laine française était
achetée par les filatures chinoises, qui utilisaient ce fil pour
produire des vêtements revendus en France. Cet exemple n’est pas
isolé à la filière laine mais peut être généralisé à de
nombreuses filières de matières premières françaises, conduisant
à accroître notre déficit commercial, puisque la valeur ajoutée
est concentrée en Chine (et les bénéfices financiers détenus dans
des paradis fiscaux). Nous avons perdu presque la totalité des
filatures de notre pays, des usines de confection textile, mais il
reste encore des PME qui gardent le savoir faire, des « gardiens
du temple » sur lesquels il faut s’appuyer pour redresser
notre pays.
Produire en France est une
nécessité, tant pour réduire le chômage, la désertification
et la délinquance, mais aussi pour limiter notre dépendance à
l’étranger.
Cela passe tout d’abord par
une réindustrialisation stratégique, dans des secteurs
essentiels à notre pays et pas seulement dans des secteurs
d’innovation ou d’excellence industrielle, comme le prévoit le
gouvernement actuel.
Par exemple, Ilham Kallin,
directrice générale du groupe de chimie belge Solvay souhaite
l’émergence d’une filière batterie en Europe. Cela reste une
bonne idée, toutefois, il faut raisonner en termes de filière de
bout en bout.
L’approvisionnement en
matière première sera critique, l’impact environnemental de son
extraction et de son traitement aussi. N’existe-t-il pas d’autres
alternatives ? Les moteurs à air comprimé, la production
électrique renouvelable par l’hydroélectricité fluviale avec la
généralisation de microturbine forcée partout où cela est
possible sur nos innombrables fleuves et cours d’eau, etc.
Produire local, c’est
aussi produire durable.
Au moment où le monde doit
réduire ses émissions de gaz à effet de serre, est-ce normal
qu’une filière de production se trouve éparpiller à travers la
planète ? Maîtriser toute une filière, c’est réduire
notre dépendance à l’étranger, réduire notre facture
énergétique, augmenter la valeur ajoutée, réduire les déficits
commerciaux et donc nos déficits budgétaires.
Pour
cela, contrairement à la tendance actuelle, lancée depuis 15 ans,
gouvernée par une Europe mondialiste, il faut s’appuyer
sur le savoir faire français, les TPE-PME qui conservent la matière
grise nécessaire au redémarrage de notre souveraineté économique,
qui précédera le retour de notre souveraineté politique et
géopolitique.
Contrairement aux politiques
actuelles, il faut préserver nos attachements vitaux,
les savoirs faire essentiels à l’indépendance de notre pays et de
nos états partenaires.
Il faut donc identifier ces
entreprises à haut potentiel d’export et de souveraineté, les
aider financièrement, en entrant au capital et en créant un statut
d’entreprise ne pouvant pas ouvrir leurs capitaux à des
investisseurs étrangers toxiques.
Côté financier, le
gouvernement actuel s’appuie sur le plan de relance de 40 milliards
d’euros, provenant d’un emprunt mutualisé de l’union
européenne.
Notre pays déjà très
endetté, s’enfonce dans l’abîme de la dette, qui de plus
est mutualisé de l’Europe, le rendant encore plus vulnérable aux
diktats des états membres de l’union, conduisant à termes toutes
politiques économiques indépendantes impossibles.
Je propose une solution
gaullienne : La participation des Français : Créer
un nouveau livret appelé livret réindustrialisation, dont le
rendement devra être supérieur aux livrets actuels, afin qu’il
soit attractif pour les Français. Ce rendement, basé sur les
dividendes des entreprises aidées, devra être révisable chaque
année pour récompenser l’effort des français si le
résultat des entreprises recapitalisées s’améliore.
Les Français participeront, par leur épargne à la recapitalisation
des entreprises dites stratégiques, dont l’activité ne pourra pas
être délocalisée ou dont la direction ne pourra pas être prises
par des collectifs étrangers (types entreprises, consortiums,
banques, fonds de pensions étrangers).
Un choc de compétitivité
et de réindustrialisation sera aussi nécessaire.
Les entreprises et le
travail sont trop taxés, les normes sont trop contraignantes, les
procédures administratives sont complexes, les démarches
urbanistiques et environnementales trop longues et beaucoup trop
difficiles.
Simplifier la création
d’entreprise, son fonctionnement, son implantation, la rendre
flexible, aider à l’innovation et à l’export, permettra aux
TPE-PME de croître et de réindustrialiser notre pays.
Dans leur développement, les
TPE et PME devront être modernisés pour réduire les coûts de
production. Pour Louis Gallois, président du groupe de réflexion
« La Fabrique de l’industrie », l’urgence est de
mettre l’accent sur le maintien de l’activité industrielle
existante en favorisant la modernisation de l’outil de production.
La protection de la
propriété industrielle est aussi un enjeu majeur pour l’avenir.
Trop de pays à travers le
monde, la chine en premier lieu, copient sans retenu nos innovations.
L’espionnage industriel trouve parfois sa source dans
l’entreprise même, qui ne se protège pas assez, en
n’instaurant pas une vertu du secret industriel, en ne sécurisant
pas les bâtiments stratégiques abritant des laboratoires de
recherche et de développement, ne sécurisant pas assez son
informatique, en accueillant trop de stagiaires qui plus est étranger
ou d’entreprises étrangères dans les secteurs stratégiques de
son activité.
D’un point de vue mondial,
la sécurité industrielle et le respect de la propriété
intellectuelle doivent redevenir la règle.
Copier sans son
consentement, c’est voler la propriété d’autrui.
Réindustrialiser, c’est
aussi former de la main d’œuvre qualifiée, des techniciens et
des ingénieurs, mais pour notre pays et pas pour les pays qui nous
concurrencent.
Trop de chinois dans nos
universités et nos écoles d’ingénieur d’excellence,
constituent
une 5ème colonne de l’espionnage industriel. Il faut
réglementer l’accueil d’étudiants étrangers dans les filières
d’éducation stratégique, limiter les transferts de technologies,
accroître les partenariats avec les états ne souhaitant pas nous
piller.
Réindustrialiser, c’est
aussi sauvegarder nos débouchés à l’export.
L’état devra renouer des
liens économiques de type partenariat avec le plus d’états
possibles, en créant dans chaque ambassade et consul des
secrétariats à l’exportation et à l’importation.
Réindustrialisation, c’est
sauvegarder nos approvisionnements en matières premières.
Partout dans le monde, la
Chine tisse sa toile, avec les nouvelles routes de la soie.
La France possède encore des
liens très forts avec de nombreux pays dans le monde, possède une
surface maritime inégalée et doit renouer des liens d’égal à
égal avec ces anciens partenaires, les pays francophones pouvant
être un point de départ, afin d’aider ces pays dans leurs
développements tout en préservant nos approvisionnements.
A l’instar du commonwealth,
la France peut créer une organisation intergouvernementale
réunissant tous les pays de bonnes volontés souhaitant œuvrer
ensemble vers une certaine idée de l’Humanisme : La finance
au service de l’économie au service de l’Homme et de son
développement.
La communauté pourrait
promouvoir une série de valeurs communes à ses membres, telles les
valeurs issues de la Révolution Française : Liberté, Égalité,
Fraternité.
Cette communauté Française
pourrait s’apparenter à une confédération d’états
indépendants, permettant le travail en commun de tous les ministères
régaliens.
La réindustrialisation
permettra le redressement de notre pays.
Toutefois, ce redressement
devra toucher d’autres secteurs de la société française comme la
remise au travail d’une partie de la population touchée par
le chômage de masse, en mutant les revenus de l’assistanat en
revenus du travail.
Pour promouvoir l’effort
et le mérite, il faut de l’ordre et de la discipline, le retour à
une certaine exigence de l’individuel pour le collectif.
Les Établissements pour
l’insertion dans l’emploi (EPIDE) créés par Michèle Alliot
Marie, alors ministre de la défense, en sont un exemple de ce qui
peut permettre ce renouveau.
Toutefois, il faut aller plus
loin, l’encadrement militaire doit permettre de retrouver une
certaine stabilité, discipline et confiance en soi, mais les jeunes
formés dans les EPIDE se doivent de rendre ce que notre pays leur
offre en leur proposant un contrat de travail au profit des
collectivités territoriales, des organismes de l’état, afin
qu’ils exercent leur métier dans les administrations, réduisant
par exemple, les coûts des rénovations infrastructure de leurs
fonciers.
Rien n’est perdu :
La France s’est toujours relevée.
Une certaine idée de la
France devrait nous y aider.
Soyons audacieux et
travaillons pour l’intérêt général, source de tout
développement pour que notre Nation soit plus forte et redevienne le
« phare » de la civilisation Humaine.